Jouy-le-Châtel, c’est le berceau de mes souvenirs les plus précieux, un endroit où le temps semblait s’écouler plus lentement, où chaque journée était une aventure. J’y ai grandi entourée d’un paysage qui était à la fois mon terrain de jeu et mon refuge.
Je me souviens de ces longues balades sur les chemins de terre, au milieu des champs qui s’étendaient à perte de vue. Avec mes copines, nous partions sans but précis, juste pour profiter du vent dans nos cheveux et du parfum des saisons. Au printemps, c’était l’odeur des fleurs sauvages, en été, celle de la terre chauffée par le soleil. Nous étions insouciantes, libres, à pied ou sur nos vieux vélos qui grinçaient parfois mais qui nous menaient toujours là où nous voulions aller.
Parfois, nos escapades nous emmenaient à la pêche. Nous nous installions au bord d’un petit étang, une ligne à la main, à attendre que ça morde. Le plus souvent, nous n’attrapions rien, mais ce n’était pas grave. L’important, c’était le rire partagé, le murmure de l’eau, et ces moments suspendus qui semblaient durer une éternité.
D’autres fois, c’était la forêt qui nous appelait. Là-bas, tout semblait plus grand, plus mystérieux. Nous explorions, à l’affût d’un animal sauvage, ou simplement à la recherche de champignons ou de trésors que seul un enfant peut imaginer. Nous étions intrépides, comme si ce bois était notre royaume, et nous, ses reines.
Les fermes des alentours étaient aussi une destination privilégiée. Nous allions voir les animaux, fascinées par le spectacle des vaches dans les prés, des poules qui picoraient, ou des chevaux au galop. Les fermiers nous laissaient parfois caresser les bêtes ou nous donnaient un verre de lait frais, et ces petits gestes simples me semblaient précieux, presque magiques.
Toutes ces aventures m’ont forgée, m’ont appris à aimer la nature, à trouver de la beauté dans les petites choses. Mais ce n’est pas tout : ces souvenirs ne sont pas seulement liés aux lieux, ils sont aussi liés aux visages, à ces gens que j’ai connus. Beaucoup d’entre eux, je les retrouve maintenant au cimetière de Jouy-le-Châtel.
Quand je marche entre les tombes, je revois les visages des fermiers qui me saluaient d’un signe de la main, des voisins qui échangeaient des nouvelles au détour d’un chemin, des commerçants qui offraient un bonbon en passant. Ce cimetière, loin d’être un lieu sombre, est pour moi un lieu vivant, chargé de toute cette humanité qui a fait battre le cœur de mon enfance.
Mon amour pour Jouy-le-Châtel est donc profondément ancré dans tout cela : les balades au grand air, les rires d’enfants, les rencontres simples mais vraies, et cette mémoire collective qui trouve aujourd’hui un écho dans ce cimetière. Quand je nettoie une tombe ou que je restaure une stèle, ce n’est pas seulement pour préserver une pierre, mais pour garder vivante l’âme de ce village qui m’a tant donné. Jouy-le-Châtel, c’est chez moi, et ça le sera toujours.
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